Planètes bénéfiques, planètes maléfiques

Des noms aujourd’hui quelque peu trompeurs

La notion de planète « bénéfique » ou « maléfique » peut sonner extrêmement intimidante, voire repoussante, au premier abord. Bien que « maléfique » soit maintenant aussi associé à un personnage de fée plutôt attachant, sa connotation est particulièrement déplaisante ; elle n’évoque pas seulement quelque chose de négatif, mais plutôt de franchement nocif et malveillant.

Cependant, cette connotation n’était pas tout à fait la même à l’époque où l’astrologie hellénistique a émergé. Les appellations « bénéfiques » et « maléfiques » désignaient des planètes qui produisaient quelque chose de plutôt bon ou de plutôt mauvais, mais toute la notion sous-jacente de moralité, de Bien ou de Mal, de Dieu et du Diable, qui infusent nos perceptions de ces termes aujourd’hui, n’étaient pas présentes.

Les Hellènes avaient une mythologie très différente ; les divinités y sont imparfaites, et les Enfers reçoivent toutes les âmes après la mort dans différents endroits plus ou moins hospitaliers. Ainsi, alors que dans les dogmes chrétiens on distingue un Paradis élevé et un Enfer sous-terrain où on ne peut trouver que punition éternelle, les Enfers grecs contiennent un endroit où les héros vertueux peuvent goûter le repos tout comme un endroit où les âmes fautives sont châtiées.

La notion absolue que l’on rattache donc à « bénéfique » et « maléfique » doit donc être nuancée. Et, assurément, les bénéfiques et les maléfiques sont capables de plus de versatilité que leurs noms ne peuvent le sous-entendre.

De plus, ces appellations sont étroitement liées à la notion de hairesis, ou la différence entre carte diurne et carte nocturne. Utiliser les notions de planètes bénéfiques et maléfiques n’a pas grand intérêt en-dehors de ce contexte. Cela fait l’objet d’un autre article.

Quelles planètes sont maléfiques ou bénéfiques ?

Chaque planète est associée à une vaste variété de significations. Certaines sont dérivées de propriétés vues comme intrinsèques à la planète et ses uniques qualités naturelles, tandis que d’autres sont le résultat de placements et conditions dans une carte.

Bien qu’une planète puisse indiquer différentes choses d’un thème à un autre, on distingue généralement des planètes bénéfiques et maléfiques. Vénus et Jupiter sont les planètes bénéfiques, et Mars et Saturne sont les planètes maléfiques. Mercure est une planète « neutre« , et prend des qualités différentes selon la carte et sa configuration ; elle peut être fonctionnellement bénéfique ou maléfique selon son placement et sa condition. Les luminaires, la Lune et le Soleil, sont généralement vus comme neutres, avec des qualités fonctionnellement bénéfiques ou négatives selon les conditions.

Pourquoi ces termes ?

Le terme « bénéfique » vient du mot grec agathopoios qui peut être traduit comme « gens de bien », « bienfaiteurice », tandis que « maléfique » vient de kakopoios, en français « malfaiteur » ou « criminel ». Les maléfiques sont aussi parfois appelées phtoropoios, qui signifie « destructeurice ».

La distinction entre bénéfiques et maléfiques est une distinction binaire qui a pour but basique de contraster des qualités opposées, particulièrement en ce qui concerne l’expérience humaine subjective d’évènement positifs ou négatifs. Le principe élémentaire est que si quelque chose est indiqué dans une carte, alors il y a également quelque chose qui représente l’inverse. Et lorsqu’il s’agit d’évènements ou de circonstances que les êtres humains jugent préférables ou non, particulièrement s’il y a des connotations morales ou qualitatives, cela relève du domaine des bénéfiques et maléfiques.

Il est probable que le fait qu’à observer le ciel de nuit, Vénus et Jupiter apparaissent comme des étoiles blanches et brillantes, tandis que Mars est sombre et rouge et Saturne sombre et brune, a mené à ces distinctions originellement. La distinction clair / sombre est ensuite étendue à d’autres binarités ; bon / mauvais, positif / négatif, vertu / vice, constructif / destructeur, etc.

Voici quelques constrastes basiques listés par Vettius Valens, astrologue du 2ème siècle après J-C :

Vénus signifie l’amour tandis que Mars signifie la haine

Jupiter signifie la liberté tandis que Saturne signifie l’emprisonnement

Vénus signifie l’acquisition de propriété tandis que Mars signifie être dépouillé·e de ses possessions

[…]

Bien d’autres contrastes pourraient être énumérés. La disinction entre planètes bénéfiques et maléfiques est un héritage de la tradition mésopotamienne. C’est donc un concept fondamental autour duquel de nombreuses techniques se sont développées.

Chaleur, froideur, humidité, sécheresse et les maléfiques

Ptolémée, autre astrologue du second siècle après J-C, a adapté les qualités aristotéliennes de chaleur, froid, humidité et sécheresse et les a appliquées aux planètes afin d’expliquer leur nature. Mars est associée à la brûlure excessive, Saturne a un froid excessif. Une graine a besoin de tiédeur et d’humidité pour croître ; la sécheresse et le froid détruisent la vie. Voilà l’explication scientifique de Ptolémée pour la qualité destructrice des maléfiques.

Demetra George propose une théorie selon laquelle Saturne et Mars sont reliées aux instincts primaires liés à la survie : la préservation de soi, la dominance et la reproduction. La partie reptilienne du cerveau, la première à s’être développée, qui est pré-verbale et maîtrise des fonctions automatiques telles que le battement du coeur ou la respiration, le réflexe de fight or flight, les émotions basiques telles que l’amour et la haine, la rage et la peur. Ainsi lorsque nous sommes hors de nous-mêmes de rage, le cerveau reptilien prend le contrôle au détriment des éléments rationnels du cerveau. Saturne et Mars interprétées comme les instincts de survie représentent les manières dont nous réagissons aux menaces, et agissons pour nous protéger, protéger notre progéniture, maintenir notre sécurité et nos ressources. Saturne en posture défensive, Mars en offensive. Saturne contrôle, Mars attaque. Saturne est motivée par la peur, Mars par la colère.

Bien sûr, il y a des qualités rédemptrices aux maléfiques ! Dans certaines circonstances, il est dit qu’une maléfique peut indiquer de bonnes choses pour lae natif·ve. Le leadership pour Mars, la richesse pour Saturne, par exemple.

Bénéfique et maléfique comme les extrémités d’un spectre

Les discussions autour des concepts de bénéfiques et maléfiques portent bien souvent sur les extrémités du spectre. Cependant, il ne faut pas comprendre que les planètes bénéfiques indiqueraient toujours des situations purement positives ou que les planètes maléfiques indiqueraient toujours des situations purement négatives. Ces notions de bénéfiques / maléfiques sont conceptualisées comme des tendances naturelles des planètes, mais dans certaines circonstances les bénéfiques étaient vues comme capables d’indiquer des choses négatives ou des défis, tandis que les maléfiques étaient vues comme aptes à indiquer des choses positives ou constructives.

L’expression de significations plus ou moins négatives ou positives dépend fortement de la condition de la planète dans une carte, et il y a des considérations spécifiques au spectre bénéfique / maléfique. Le concept de hairesis est d’importance primordiale pour cela, par exemple, mais il existe aussi d’autres facteurs de bonification ou maltraitance des planètes.

Conclusions

Les termes « bénéfiques » et « maléfiques » peuvent être trompeurs, et je recommanderais d’attendre d’en savoir davantage sur les implications de ces concepts et leurs applications avant de les rejeter complètement comme trop manichéennes ou dépassées.

Pour rappel, en astrologie hellénistique on considère qu’une carte natale ne représente pas seulement l’individu et sa psyché mais aussi des évènements extérieurs et hors de son contrôle. À ce titre, dans ce contexte donné je trouve logique et même important que le négatif y soit représenté ; cela serait étrange de prétendre que la vie n’est toujours qu’un fleuve tranquille.


Sources et inspirations pour cet article :

9 réflexions sur “Planètes bénéfiques, planètes maléfiques

  1. […] Vénus quitte enfin le domicile nocturne de Saturne, Capricorne, pour entrer en Verseau, le domicile diurne de Saturne. Il y a bien entendu des différences, mais son hôte est la même planète austère, restrictive et diligente. Vénus ne s’amuse pas encore, bien qu’émergeant des rayons en étoile du matin triomphante dès la deuxième semaine de mars. Au contraire, Vénus se trouve maintenant toujours sous la coupe saturnienne et serrée de près par Mars, cette fois-ci en présence directe de Saturne et sans autorité par triplicité comme elle en avait en Capricorne. Mars n’est vraiment pas un mois facile pour Vénus, elle se trouve assiégée par Saturne et Mars. Ce que représente Vénus pourrait connaître une constriction particulièrement marquée au cours du mois. Ce n’est qu’à la toute fin de mars que Vénus dépasse enfin Saturne et n’est plus entourée de part et d’autre par les deux planètes dites maléfiques. […]

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