J’ai énormément apprécié l’article de Michael J. Morris « Astrology Beyond Fate vs Free Will » publié en septembre 2022, si bien que je lui ai demandé si je pouvais en publier une traduction en français, ce qu’iel a gracieusement accepté. Bonne lecture !
L’astrologie au-delà du destin vs le libre-arbitre
Et si le débat « destin versus libre-arbitre » en astrologie était un cadre qui risque d’obscurcir d’autres philosophies et modèles de compréhension de ce que l’astrologie est et de ce qu’elle fait ?
Je préfère considérer l’astrologie comme un assemblage d’agentivités à la fois humaines et plus-qu’humaines qui est toujours émergent d’un nuage de détermination et d’indétermination.
L’astrologie est une pratique humaine de co-création de sens avec ce qui est plus qu’humain – notamment avec le ciel, les planètes, les étoiles, les astéroïdes, la lumière, le mouvement et notre place sur terre mais aussi avec le corps, les langues, les mythes, les archétypes, la technologie, les systèmes sociaux, les biais culturels, etc. Aucune de ces forces n’est statique, stable, résolue ou sans vie. Chacune a ses propres mouvements, ses trajectoires sans téléologies, ses irrésolvables aggrégations d’affects, d’impressions et de relations – toutes conspirant à générer la possibilité d’histoires cosmiques dans lesquelles nous sommes impliqué·es.
L’astrologie est co-créée, toujours faite, jamais trouvée, même si elle est faite de ce qui est trouvé. L’astrologie n’est pas simplement ce que nous trouvons dans le monde ou le ciel mais ce que nous faisons de ce que nous trouvons – et c’est un « nous » qui n’est jamais seulement humain et c’est un processus de création à travers lequel nous sommes aussi fait·es. Dans cet assemblage de forces, matières, et intelligences, un bon nombre de choses est rendu possible tandis qu’un bon nombre demeure impossible. Certaines choses sont déterminées à l’avance, pas simplement PAR les planètes mais AVEC les planètes, et aussi avec les systèmes sociaux qui prennent racines dans la domination, l’exploitation, l’oppression et la violence – par exemple – qui permettent certaines manières de vivre et en empêchent d’autres.
Aucune notion de libre-arbitre radical qui ne rend pas compte des contraintes des systèmes sociaux et de leur pouvoir qui agissent sur nous et à travers nous – sans parler des conditions écologiques plus larges incluant le cosmos qui dépasse de très loin le contrôle humain – est naïve au mieux et obstinément délirante au pire.
Mais toute notion d’un destin entièrement déterministe qui ne reconnait pas la multiplicité de possibilités, même au sein des systèmes les plus apparemment prévisibles, passe à côté du potentiel exubérant de la vie elle-même. Les planètes et autres corps célestes décrivent des courants forts dans l’assemblage que nous appelons l’astrologie et démontrent une capacité de corrélation remarquable* entre les expériences et évènements terrestres.
Et pourtant tout au long des traditions astrologiques, les planètes (et signes et maisons, etc) demeurent continuellement multivalentes, irréductibles à une seule signification ou délinéation. Même à son plus précis, l’astrologie prédictive reste imprévisible de manière inhérente, et c’est en partie car les relations que nous centrons dans notre connaissance** astrologique ne sont jamais qu’une partie de l’assemblage.
Plutôt que le destin ou le libre-arbitre, nous sommes toujours un mouvement dans une chorégraphie bien plus grande qui est toujours partiellement contrainte et pourtant jamais déterminée en avance, une constellation d’émergentes possibilités qui doivent être rencontrées dans le moment vivant, irréductible aux calculs et représentations mais à laquelle nous apportons nos calculs et représentations et nos sensations et intimations et souffles et WiFi et cartes du ciel à deux dimensions et tous nos rayons et piles de livres et nos conversations tard dans la nuit avec des êtres chers et les mots de nos enseignant·es et des aperçus de lumières brillantes entre les nuages et notre étreinte de l’ineffable et nos éclairs de reconnaissance et et et et et c’est là que l’astrologie arrive.
Notes de traduction
* l’auteurice utilise l’adjectif uncanny, qui peut aussi signifier troublant, étrange, extraordinaire.
** awareness, que j’ai traduit par « connaissance » ici mais qui peut aussi se traduire par « conscience, savoir, notion »
Michael J. Morris (they/them/their), est un·e sorcier·e, astrologue, cartomancien·ne, artiste, écrivain·e, enseignant·e et facilitateur·ice ; vous pouvez en apprendre davantage sur son travail ici.
Boum 💥 ! Trop puissant cet article ! Merci 1000 fois de le rendre accessible aux anglofuge comme moi 😅 !
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Merci beaucoup de ton retour ! Avec plaisir !
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