À celleux qui prétendent que l’astrologie est inutile : une des fonctions non-négligeables d’un·e astrologue est de fournir sans effort un petit ego boost à des sceptiques qui ne connaissent absolument rien à l’astrologie, mais qui aiment se sentir délicieusement supérieur·e·s en nous prenant de haut. Ravi·e d’avoir pu rendre service !
Plus sérieusement, je sais bien que toutes les personnes qui critiquent l’astrologie ne font pas preuve d’une telle condescendance, et j’avais envie de traiter rapidement dans cet article quelques critiques récurrentes faites aux personnes qui s’intéressent à l’astrologie.
« Il y a 13 signes du zodiaque ! Il faut inclure le Serpentaire ! »
Régulièrement, quelqu’un croit avoir trouvé le « Ah je vous ai bien eus les astrologues » ultime en pointant qu’il manque une constellation dans le zodiaque.
Ophiuchus, ou Serpentaire, est une des constellations sur l’écliptique, et c’est pour cela que certain·e·s l’appellent « 13ème signe du zodiaque ». Une des rengaines préférées des personnes qui méprisent l’astrologie est de pointer que l’immense majorité des astrologues ne l’utilisent pas.
Cette critique se base sur une incompréhension du concept de signe astrologique. Les signes ne correspondent pas exactement aux constellations. Les signes du zodiaque occidentaux sont une division par douze de l’écliptique selon laquelle chaque signe fait 30° de longitude, soit environ la distance que le Soleil parcourt en un mois. Le découpage original a été fait en alignement avec les saisons, afin que l’équinoxe de Mars tombe entre Poissons et Bélier.

Les constellations dans le ciel, en revanche, sont basées sur les positions des étoiles et ne sont pas du tout égales en taille. On peut déplorer que certains graphiques astrologiques laissent penser le contraire dans leurs représentations de l’écliptique, c’est sûr, mais prétendre que tou·te·s les astrologues ignorent que signe ≠ constellation me semble être de la mauvaise foi… En fait, je pense même que tou·tes les astrologues sérieux·ses le savent très bien.
Les constellations du zodiaque ne sont pas associées directement aux signes du zodiaque aujourd’hui, et en général ne coïncident pas exactement. Par exemple, en astrologie occidentale tropicale, la constellation de Verseaux correspond au signe Poissons dans le découpage zodiacal. Et la constellation du Serpentaire occupe la plupart du signe de Sagittaire. Lorsque le zodiaque a été établi il y a plus de 2000 ans, les constellations et les signes étaient plus proches, mais depuis la précession des équinoxes en a eu raison.
Voici ci-dessous un exemple de carte avec les constellations et le découpage zodiacal tropical visibles.

Alors pourquoi utilise-t-on toujours les signes du zodiaques tels quels ? Ce n’est pas une question bête. Nous en venons au prochain point.
« L’astrologie est une pseudo-science, à quoi bon prendre ça au sérieux ? »
Indéniablement, l’astrologie n’est pas une science « dure ». L’astrologie ne prétend pas se baser uniquement sur des données astronomiques, même si c’est une partie très importante de la pratique. Le développement de l’astronomie est d’ailleurs historiquement lié à l’astrologie, et j’irai même jusqu’à dire que l’astronomie doit beaucoup à la curiosité astrologique. Aujourd’hui, bien que certains programmes de certification en astrologie proposent des bases d’astronomie, la plupart des astrologues n’en font pas leur spécialité.
Cela choque sûrement certaines personnes, mais je pense que ça ne devrait pas beaucoup nous étonner. Pour réchauffer de la nourriture, bon nombre d’entre nous utilisent un micro-ondes. Sauriez-vous expliquer en détail comment un micro-ondes fonctionne, ou le démonter et le réparer si besoin ? Personnellement, non, mais cela ne m’empêche pas de l’utiliser. La même remarque peut être faite pour bien d’autres objets du quotidien ; nos téléphones, nos frigidaires, etc. La plupart d’entre nous s’en remettent aux spécialistes pour ces objets. On peut considérer que c’est regrettable, et je pense que dans une certaine mesure ça l’est ; favoriser l’autonomie des particuliers en favorisant l’éducation à la réparation serait un objectif intéressant pour une variété de raisons… Mais c’est un autre sujet ; pour en revenir à l’astrologie, à l’heure actuelle, il y a des spécialistes d’astronomie d’une part et des spécialistes de l’astrologie d’autre part, et ce n’est pas synonyme d’un manque de connaissances ou d’esprit critique de la part des astrologues pour autant.
Et il me semble que la plupart des astrologues ont la sagesse de ne pas prétendre avoir une démarche scientifique qui se calquerait sur celle des neurosciences ou de la macrobiologie (par exemple). L’astrologie s’apparenterait plutôt vaguement, s’il fallait vraiment la catégoriser, aux sciences sociales — mais je ne pense pas que le faire soit particulièrement intéressant.

Le décalage signes-constellations serait immensément gênant en astronomie, évidemment. En astrologie, on use certes d’un certain nombre d’observations empiriques et de données astronomiques relatives aux transits, mais aussi d’archétypes et de symboles. L’intérêt porté à l’astrologie se base en grande partie sur des constats impossibles à tester de manière randomisée. Ce qui, je le rappelle, est le cas d’un certain nombre de principes en psychologie voire en psychiatrie, et pourtant je ne vois pas grand-monde à part les militant·es anti-psychophobie s’en formaliser plus que ça. Pourtant, il me semble que ce ne sont pas les astrologues qui enferment des gens, mettent en place des « soins » forcés et des tutelles, bref, sapent l’autonomie d’individus.
Le problème que l’on rencontre ici est que l’astrologie a été si vilifiée par la communauté scientifique qu’on ne lui accorde jamais le bénéfice du doute. Je peine à voir un quelconque avantage à cela. Ce qui est souvent avancé est que l’astrologie et toutes formes de « mysticisme » sont des arnaques, qui cherchent à extorquer de l’argent à des personnes vulnérables. Le problème ici me semble être la vulnérabilité des personnes qui se retrouvent victime d’un part, et la cupidité d’autre part. Je ne sous-entends bien entendu pas que les victimes d’arnaques sont coupables : ce que je questionne, c’est la cause de cette vulnérabilité. Comment la société a-t-elle abandonné ces personnes ? Quel type d’éducation ou de soutien leur a fait défaut ? La source du problème n’est pas dans l’astrologie, qui jusqu’à preuve du contraire ne brille pas par sa malhonnêteté davantage que d’autres industries. Il me semble aussi que si nous avions comme priorité collective que chacun·e ait selon ses besoins, la cupidité et les arnaques ne seraient pas le problème qu’elles sont aujourd’hui.

Il y a eu des tests statistiques de l’astrologie, notamment ceux de Gauquelin, mais « prouver » que l’astrologie est pertinente selon les méthodes scientifiques reste épineux dans l’ensemble. Ne serait-ce que parce que la communauté scientifique est extrêmement opposée à l’astrologie, et ira parfois jusqu’à étouffer des résultats qui semblent probants. Personnellement, j’accueillerais avec joie davantage de statistiques astrologiques, mais je ne retiens pas mon souffle non plus. J’estime que ma pratique et celles d’autres astrologues m’a largement montré qu’il ne s’agissait pas que de biais de confirmation ou d’effets Barnum.
Ce qui m’agace quelque peu, c’est que l’on prenne les astrologues pour bêtes au point de n’avoir à aucun moment considéré ces données basiques. C’est assez présomptueux. Je comprends que cela vient d’une représentation de l’astrologie dans l’imagerie populaire comme un attrape-gogo orchestré par des anarqueu·r·se·s et/ou des illuminé·e·s, mais bon. Ne croyez pas nous apprendre quelque chose en nous parlant des constellations qui ne correspondent pas au zodiaque occidental tropical. Certain·e·s astrologues utilisent un système différent qui prend en compte la précession des équinoxes, et d’autres encore ont inclut le Serpentaire dans leurs analyses. Pour le reste d’entre nous, on le sait, et on s’en fiche, parce que concrètement, les traditions développées il y a 2000 ans fonctionnent toujours, même si les constellations ne sont pas alignées avec les signes qu’on utilise aujourd’hui. On est aussi au courant du danger des biais de confirmation, on est au courant qu’une grande partie de ce qu’on étudie est extrêmement difficile à « prouver ». C’est quelque chose qu’on prend routinièrement en compte dans notre pratique.

J’aimerais pour une fois voir un·e sceptique approcher l’astrologie en se défaisant de ses propres biais de confirmation, et en appliquant réellement une méthode scientifique. Jusqu’ici j’ai surtout vu des personnes très butées, arrogantes, prenant leurs préjugés pour des faits. Avoir lu la page Wikipédia sur l’astrologie ne vous rend pas spécialiste, ayez un minimum d’humilité.
Bien entendu, on peut considérer que l’astrologie n’est donc pas digne d’intérêt. Et ça tombe bien, vu qu’au final, on n’a pas d’obligation à s’y intéresser ! Personnellement, je ne suis pas là pour convertir qui que ce soit, l’astrologie n’est pas un dogme que je cherche à imposer. Et j’encourage vivement les autres personnes passionnées par l’astrologie à faire de même, il me semble qu’il s’agit là d’une question de respect basique. On en vient à une autre critique récurrente :
« L’astrologie c’est essentialiste et ça enferme les gens dans des petites cases ! »
J’avais déjà écrit à ce sujet, certaines personnes peuvent trouver traumatique le fait même d’être définies par leurs placements, du fait de trauma religieux par exemple. Je pense que c’est crucial de respecter ça, d’y être attentif·ve. Je ne vais pas me répéter, je vous laisser aller lire l’article qui parle d’éthique astrologique au quotidien !
Je suis plutôt d’accord avec cette critique dans certains cas, et je comprends tout à fait d’où elle vient. Je pense qu’il y a une vigilance à avoir par rapport à ça. Il est clair que certaines personnes utilisent une connaissance (en générale assez superficielle, mais pas forcément) de l’astrologie pour mettre autrui dans une case. Je trouve ça regrettable ! L’intérêt que je porte à l’astrologie ne réside pas dans l’envie de limiter autrui ou de limiter ma vision des autres. Bien au contraire, l’astrologie m’aide à appréhender les spécificités des autres, à apprécier nos points communs et nos divergences. C’est un outil d’ouverture pour moi. Un thème natal est si dense et complexe, ça me paraît impensable de juste réduire quelqu’un à son signe solaire ou même 3 signes de son thème, non seulement parce que c’est nocif d’un point de vue interpersonnel, mais aussi parce que ça n’a aucun sens astrologiquement parlant. On en vient au point suivant…
« L’astrologie c’est juste 12 clichés qui tournent en boucle »
L’astrologie repose sur bien plus que les douze potentiels signes solaires. Et bien que j’admette possible que certaines personnes se prétendent peut-être astrologues pour soutirer de l’argent à autrui en jouant sur des biais de confirmation, je pense qu’il faut vraiment vouloir le croire pour penser cela de TOUTE la communauté astrologique — en tous cas, en l’ayant fréquentée un minimum. Un tour rapide sur les réseaux sociaux vous permet déjà de constater que beaucoup d’astrologues travaillent dur à étudier une quantité vertigineuse de données afin de fournir des consultations et/ou de la recherche de qualité.

Pour revenir à la prétention que l’astrologie serait réductrice, je pense que cela dépend aussi de quelle pratique astrologique on parle. Bien sûr si on se limite au signe solaire, on ne va pas bien loin avec ça, et c’est réducteur. Mais un thème natal, c’est bien plus que le signe solaire ! Et selon son placement, le Soleil n’est pas systématiquement le placement le plus important… Chaque thème natal comporte 12 signes, 12 maisons, 7 planètes traditionnelles et d’autres générationnelles, des astéroïdes, des étoiles fixes… Et certaines parties du thème sont plus ou moins activées selon les moments de la vie, comme on peut le voir avec des techniques d’activation temporelle comme les profections ou la libération zodiacale. Lorsque l’on fait une analyse de thème natal, on prend en compte énormément d’éléments différents, et la synthèse en est toujours unique. Une pratique astrologique sérieuse reflète la diversité des expériences humaines.
J’aimerais bien voir ce type de remarques appliqué davantage à des outils extrêmement critiquables et pour certains pourtant célébrés par la communauté scientifique et le grand public, comme les tests de QI ou encore le test MBTI. Que je sache, l’astrologie n’est pas utilisée à l’heure actuelle pour institutionnaliser des personnes handicapées ou décider qui employer ou non. Il s’agirait donc de revoir ses priorités, non ?
« Les planètes ne dirigent pas nos actions, c’est absurde, comment tu peux croire ça ? »
Voilà une autre critique qu’on peut entendre régulièrement. Alors ça tombe bien, je n’ai jamais dit ça ! Je ne pense pas particulièrement que les planètes « dirigent » nos actions. Je pense en revanche que le mouvement des planètes peut refléter certaines de nos actions.
Diriger et décrire, ce n’est vraiment pas la même chose. Je ne souscris pas à un modèle causal mais à un modèle indicatif. Je pense que les planètes indiquent un certain nombre de choses pertinentes pour nos petites vies terrestres. Et c’est le cas d’une bonne partie des astrologues aujourd’hui.
Cela étant dit, je ne cautionne pas le mépris à l’égard des astrologues qui souscrivent à un modèle causal non plus, chacun son truc, du moment qu’on ne me l’impose pas et qu’on ne propage pas de la désinformation dangereuse, je dirais que ce n’est pas vraiment mon problème.
En ce qui concerne le modèle indicatif, c’est-à-dire la croyance que les mouvements célestes ne causent pas les évènements terrestres mais en fournissent un reflet, je reprendrais l’analogie présentée par Chris Brennan et souvent reprise par Maren Altman et bien d’autres ; l’horloge au mur qui affiche 9 heures du matin ne cause pas les 9 heures du matin, mais elle indique qu’il est 9 heures du matin. On pourrait concevoir l’astrologie de manière similaire.
Il y aurait beaucoup d’autres choses à dire sur le débat « libre-arbitre vs déterminisme », mais cela mérite vraiment un article à part entière (qui est d’ailleurs déjà dans mes brouillons). Je vais donc m’arrêter ici pour cet article, qui est déjà bien long.

Si vous avez des remarques ou des questions, n’hésitez pas à les laisser en commentaire — les critiques sont bienvenues du moment qu’elles sont constructives et polies.